31 mars 2021

Réussir un feu de camp

Par Hélène Giroux

Certains en font pour se réchauffer, d’autres pour cuisiner, mais beaucoup le font simplement pour le plaisir de voir danser les flammes sous un ciel étoilé… et faire griller des guimauves ! Toutefois, il peut devenir frustrant de craquer allumette sur allumette pour finir avec un feu de boucane ! Nous avons demandé à un spécialiste du plein air et scout pendant douze ans, Maxime Gauthier, de nous aiguiller sur la chose. Explorons avec lui les meilleures façons de réussir un feu de camp.

Préparer un feu sans papier, sans allumette ou sans briquet? C’est possible, mais drôlement compliqué ! C’est pourquoi Maxime Gauthier, qui travaille dans une grande surface de plein air, conseille de dresser une liste des objets à apporter avant de partir en expédition ou en camping. Parmi les incontournables, le nécessaire pour allumer un feu.

Les pros du plein air ont leurs préférences en ce qui concerne le matériel essentiel. Alors que certains ne jurent que par les briquets ou les allume-feux produisant des étincelles pour embraser leur bois, Maxime Gauthier opte pour les allumettes : «Moi, j’aime bien les allumettes à l’épreuve des intempéries. J’en ai toujours un paquet que je n’enlève jamais de mon sac. Ce qui est intéressant, c’est que même si elles sont mouillées, elles s’allument. Immergées dans un verre d’eau après avoir été allumées, elles brûlent encore ! Il y en a environ 25 dans un paquet. J’ose croire qu’avec ça, on va le réussir, son feu», ajoute-t-il sur un ton rieur.

Un autre outil qu’il apprécie de plus en plus est le couteau avec allume-feu. « En randonnée, c’est mieux d’utiliser des objets qui ont plusieurs fonctions. Le couteau avec allume-feu intégré est plus pertinent qu’un couteau suisse dont on n’utilisera que la lame.» En frottant sur la lame la pierre à feu accrochée au couteau, on réussit à faire de bonnes étincelles capables d’allumer un combustible.

Tout campeur prévoyant inclut dans ses bagages plusieurs feuilles de papier journal ou différents types d’allume-feux. Ceux-ci se déclinent en plusieurs variantes (en bandelettes, sous forme de gel, de pâte, etc.).

Choisir un emplacement

Il est important de noter que la plupart des terrains de camping possèdent déjà des endroits désignés pour la préparation des feux de camp. Dans le cas contraire, il faudra choisir un endroit suffisamment dégagé, éloigné de la tente, des arbres ou de tout ce qui pourrait être combustible. Les flammes ou étincelles peuvent monter haut, très haut… À ne jamais négliger !

Une fois l’endroit choisi, des pierres seront installées autour du foyer pour circonscrire le feu et protéger la braise du vent. Maxime aime bien creuser le sol et installer ses pierres autour, ce qui lui permet d’y déposer une grille afin de cuisiner.

Sage conseil d’un habitué : afin de ne pas trop gaspiller d’allumettes, de temps et d’énergie, ayez sous la main tout le nécessaire avant de commencer : des brindilles, du petit bois, des bûches ou de grosses branches, du papier journal, de l’allume-feu et de l’eau pour éteindre. En bon scout respectueux de l’environnement, il rappelle l’importance de ne prendre que le bois qui se trouve au sol. Notez que dans de nombreux terrains de camping (ceux des réseaux Sépaq et Parcs Canada, par exemple), il est toutefois interdit de ramasser le bois au sol. Il faut alors s’approvisionner en bûches sur place.

Monter le feu

Après avoir chiffonné en boule lâche ou coupé en petits morceaux les feuilles de papier journal et avoir déposé le tout au centre du foyer, placez des brindilles de bois ou des morceaux d’allume-feu dessus. Puis, ajoutez du petit bois sur les brindilles en prenant soin de former un cône. Attention de ne pas trop en mettre, car il faut laisser de l’espace pour que l’oxygène circule et permette une bonne combustion. Puis, allumez le papier ou l’allume-feu. Enfin, lorsqu’une bonne flamme apparaît, déposez graduellement des bûches ou des morceaux de bois plus gros.

Il existe de nombreuses manières de monter le feu : en tipi, en pyramide, en tranchée, polynésien, inversé, avec réflecteur, etc. Chaque méthode présente des avantages et des inconvénients. Certaines sont privilégiées pour la cuisson alors que d’autres sont choisies pour leur propension à fournir une bonne quantité de chaleur.

La méthode du tipi est sûrement l’une des plus connues : les plus grosses bûches sont placées au-dessus du petit bois et des brindilles de façon à former un tipi. Ce type de feu procure de la chaleur, mais il présente toutefois certains désavantages selon notre expert : « le tipi, ça fonctionne très bien, mais ce que je n’aime pas, c’est que ça va toujours finir par tomber. Si des enfants ou des animaux sont trop près, ça peut être un peu plus dangereux que d’autres méthodes ». Il préfère le feu en pyramide ou classique, plus stable. Celui-ci se réalise en disposant les gros morceaux de bois de façon à encadrer le petit feu de départ. Puis, le montage se répète étage par étage en utilisant des morceaux de moins en moins gros.

L’après-feu

Bien sûr, faire un feu n’est jamais un geste anodin, surtout en pleine nature. Il est donc primordial de s’assurer qu’il est bien éteint avant de lever les voiles. Une bonne quantité d’eau versée graduellement sur les cendres, jusqu’à ce qu’elles soient froides, en assure l’extinction. À défaut d’eau, on mélange petit à petit une quantité de terre avec les cendres jusqu’à ce qu’elles soient bien éteintes.

Afin de respecter les principes d’éthique du plein air sans trace, il faut disperser les pierres et les cendres, puis remplir son trou afin d’éviter de laisser toute trace de son passage. «Au départ de ses occupants le campement doit donner l’impression que personne ne s’y est arrêté », précise le spécialiste du plein air.

Si ça ne va pas…

Les aléas font bien souvent partie du camping et de la randonnée. Voici les conseils de Maxime Gauthier pour apprécier son expérience, même si tout ne se passe pas comme prévu !

Que faire si on oublie le papier ou l’allume-feu ?

« Ça m’est arrivé lors d’une randonnée avec un copain dans un parc régional. On a dû fouiller dans nos portefeuilles et sacs à dos à la recherche de petits papiers. Les cartes professionnelles de ma directrice y sont passées… », rigole-t-il.

Si ce n’est pas interdit dans les règlements du parc, des morceaux d’écorce de bouleau trouvés sur des arbres au sol et coupés en petites parcelles peuvent parfaitement servir d’allume-feu.

Depuis quelques années, par souci de limiter son bagage en randonnée, Maxime Gauthier traîne toujours du ruban à conduit. Très utile pour réparer des fissures dans une tente, ce produit à base de pétrole brûle aussi très bien. Avec l’aide d’un couteau allume-feu, on génère quelques étincelles et le ruban s’enflamme. Comme il s’agit d’un produit du pétrole, ce n’est pas la manière la plus écologique de procéder, précise toutefois l’expert.

Que faire si le bois est détrempé ?

On peut essorer de petites brindilles avec des vêtements ou faire avec un canif de petites éclisses dans le cœur des morceaux de bois (celui-ci devrait être plus sec). Il faut surtout rapatrier tout le bois le plus près possible du feu afin de le faire sécher.

Source : Camper au Québec 2019