31 mars 2021
Perdu en forêt, pas de panique
Par Hélène Giroux
Se perdre en forêt, ou y être immobilisé, ça peut arriver à tout le monde, même au plus aguerri des adeptes de plein air. Au Québec, plusieurs milliers de personnes pratiquant des activités comme la chasse, la pêche, le VTT, le camping et la randonnée pédestre prennent régulièrement le bois. Certaines doivent même faire l’expérience d’une nuit ou deux en forêt à la suite d’un problème d’orientation, d’un bris mécanique ou d’une blessure.
Comme les scouts, soyez toujours prêts !
« Déjà, savoir que se perdre, ça peut arriver, c’est une bonne préparation mentale. Ça incite à prendre des précautions avant de partir en forêt », mentionne Jean-Marc Lord, cosignataire avec André Pelletier du livre Le guide de vie et survie en forêt. Les auteurs encouragent de prime abord à toujours avoir sur soi les trois outils indispensables au randonneur : un canif, un briquet ou des allumettes et un sifflet. Le canif sera un outil très utile pour couper des petites branches afin de faire du feu ou un abri. Le briquet (ou les allumettes imperméabilisées) sera crucial pour allumer un feu et, enfin, le sifflet permettra d’entrer en communication et d’attirer l’attention des secours. Sa portée est plus grande que celle de la voix et il est beaucoup moins épuisant de souffler dedans que de s’époumoner à crier !
Traîner une trousse de survie dans ses déplacements demeure toutefois l’idéal selon le spécialiste. Elle devrait toujours être placée dans le sac à dos lors des randonnées pédestres.
De plus, il faut aviser au moins une personne de son itinéraire, de la durée prévue de l’excursion et du moment de son retour. Cette personne avisera les autorités responsables si jamais on tarde à revenir d’escapade. Enfin, il faut s’intéresser à la vie en forêt et aux plantes comestibles, s’exercer à faire des feux, apprendre à lire une carte ou à se servir d’une boussole. Cela permet d’acquérir des notions qui seront bénéfiques en situation de survie. Jean-Marc Lord rappelle l’importance d’éviter la panique, qui surgit souvent lorsqu’on se rend compte que l’on s’est égaré. Se remémorer les cinq mythes suivants permet de mieux évaluer la situation dans laquelle on se trouve.
Je vais rester perdu plusieurs semaines
Lorsqu’on pense à une situation de survie en forêt, l’imagination s’emballe. Des images catastrophiques s’agitent devant nos yeux, par exemple, des cas extrêmes où les personnes ont dû attendre des semaines avant l’arrivée de secours. La réalité est tout autre, nous dit Jean-Marc Lord : « Dans une situation typique de sauvetage, la personne a dû passer une nuit ou, dans de rares cas, deux nuits en forêt avant d’être retrouvée. Rarement plus longtemps. »
C’est simple de se faire un feu
Plusieurs personnes s’imaginent qu’il sera facile de faire un feu afin de se réchauffer. Même par temps sec, ce n’est pas toujours aisé d’en allumer un, alors imaginez le beau contrat s’il pleut ou si tout est humide ! Voilà pourquoi le briquet et les allumettes sont des atouts essentiels à avoir dans ses poches de pantalon ou son sac à dos. Un allume-feu dans une trousse de survie facilite aussi grandement la tâche.
La priorité, c’est de trouver de la nourriture rapidement
La nourriture est loin de constituer une priorité dans une situation de survie. On peut rester sans nourriture pendant environ trois semaines avant d’être assez atteint physiologiquement pour ne plus être capable d’accomplir les tâches nécessaires à la survie. Trouver de l’eau n’en est pas une non plus.
Surtout qu’au Québec, il y en a un peu partout : rivières, ruisseaux, lacs. Il faut compter trois jours sans boire avant de souffrir de déshydratation sévère. Les experts en survie sont unanimes : l’ennemi numéro 1, c’est le froid. L’hypothermie peut rapidement affaiblir l’organisme et passer trois heures dans un froid extrême peut entraîner la mort. « C’est la première chose à considérer. Il faut d’abord se demander comment se protéger du froid, qu’il vienne du sol, qu’il soit dû au vent (refroidissement éolien) ou à l’humidité. Il faut se faire un abri, aussi sommaire soit-il », insiste M. Lord. Si c’est possible, il faut aussi faire du feu pour se réchauffer et pour se donner un minimum de confort.
Dès le jour levé, après une nuit passée dans le bois en compagnie des moustiques, il devient primordial de signaler sa présence : en faisant du feu et des signaux lumineux avec un miroir, en portant des couleurs voyantes, en utilisant un sifflet, etc.
L’attaque d’un ours ou autre bête sauvage est possible
La littérature répertorie très peu de cas d’attaque d’ours. En général, ils fuient les hommes autant que ceux-ci les évitent ! C’est la même chose en ce qui concerne les loups. Quant aux abeilles et aux guêpes, leurs piqûres sont douloureuses, mais pas mortelles, sauf en cas d’allergie sévère. Les maringouins ou autres bestioles du genre risquent d’être plus embêtants, car leur harcèlement incessant et leurs piqûres désagréables peuvent rendre dingue. Le seul moyen efficace de les tenir à distance, selon notre spécialiste : le chasse-moustiques avec du DEET. S’en appliquer avant de partir en forêt et en avoir une bouteille dans sa trousse constituent deux excellentes idées.
Je dois absolument retrouver mon chemin
Il existe plusieurs points de vue sur cette question. Jean-Marc Lord estime que tout dépend du contexte : de la saison, du moment de la journée et de l’état de santé de la personne (si elle est immobilisée ou blessée) et de son degré de préparation (par exemple, si elle possède une boussole et sait l’utiliser). Toutefois, dans tous les cas, si la noirceur s’annonce, il est assurément plus prudent de penser à se faire un abri pour la nuit afin de se protéger du froid.
La Sûreté du Québec conseille de rester sur place, de se rendre visible afin d’être repéré (avec des vêtements colorés, en faisant un feu, etc.) et de se préparer à passer la nuit en forêt en se construisant un abri. D’après ses observations, les personnes qui tentent de retrouver leur chemin s’éloignent souvent des routes, des sentiers et des secouristes partis à leur recherche.
- Les trois indispensables : canif ou couteau, sifflet, briquet ou allumettes à l’épreuve de l’eau
- Carte et boussole : même si on apporte un GPS, car une panne, ça arrive !
- Eau et nourriture
- Trousse de premiers soins
- Insecticide DEET
- Grand sac de plastique orange ou poncho de plastique, afin d’être visible et de se garder au sec.
- Allume-feu
- Lampe frontale ou lampe de poche
- Couverture de secours
Source : Camper au Québec 2019