Par Sophie Marsolais et Guillaume Denault

« Ils sont fous, ces parents ! », s’exclament, les yeux ronds, voisins et amis à la vue d’un couple déjà fatigué et de ses bambins surexcités, s’engouffrant dans une voiture surchargée d’articles de camping. « Ont-ils seulement une idée du genre de vacances qu’ils vont passer ? » Il semblerait bien que oui et que, bien organisés, ils peuvent même y prendre beaucoup de plaisir !

Par moment, aller camper en famille peut sembler la pire idée au monde, surtout si l’on part avec des tout-petits. Au moment où l’on s’aperçoit que les planches de surf des enfants n’entrent pas dans la voiture, par exemple. À la cinquième « pause pipi » de la journée. À la deuxième journée de pluie consécutive, alors que toutes les options divertissement ont été épuisées. Ou encore lors de l’interminable arrêt aux douanes sur le chemin du retour, quand tout le monde est affamé. Pourquoi alors opter pour un mode d’hébergement qui requiert un sens de l’organisation béton, une patience infinie et beaucoup de flexibilité ? Les adeptes sont unanimes : malgré les tracas et les trésors d’imagination qu’il faut parfois déployer, camper en famille vaut toujours la peine, ne serait-ce que pour le plaisir de vivre en nature pendant quelques jours.

On sépare les coupables !

« J’aurais aimé avoir pu ériger un mur en plexiglas au milieu de la banquette arrière de la voiture afin d’empêcher mes deux enfants de se chicaner sans arrêt », lance Mariette, se rappelant avec vivacité un voyage de camping à Cap Cod effectué avec ses deux enfants, Louis, alors 10 ans, et Mathilde, 6 ans. « Les chansons à répondre, les collations, les arrêts pour se dégourdir les jambes, tout cela leur a calmé les esprits pendant un temps. Toutefois, comme bien des enfants, il semble qu’ils aient décidé que les disputes constituaient la meilleure façon de passer le temps sur la route… »

La maman campeuse monoparentale au bord de la crise de nerfs a dû recourir à une solution créative pour rétablir le calme : asseoir la cadette à l’avant de la mini-fourgonnette et l’aîné à l’arrière… et vice-versa toutes les deux heures, afin d’éviter les crises de jalousie. L’initiative a porté fruit puisque la seconde moitié du voyage s’est déroulée comme un charme… ou presque, le contrôle de la radio ayant fait l’objet de deux ou trois prises de becs ! Ces 12 heures de route plutôt mouvementées ont-elles découragé Mariette de retourner camper sous la tente en famille ? Que non, d’autant plus que le séjour sur place s’est très bien déroulé, la petite famille urbaine adorant se retrouver en plein air deux semaines par année. « Cette parenthèse dans notre quotidien nous fait tous le plus grand bien ! Il nous a bien fallu quelques jours pour oublier la télé et les jeux vidéos, mais après une ou deux soirée devant un feu de camp, le charme de la nature a opéré, comme toujours… »

De bons petits trucs

Marie et François, les parents de deux bambins âgés de 5 et 2 ans, ont choisi de se faciliter la vie lorsqu’ils se sont rendus en Virginie, à l’été 2008, en remorquant leur tente-caravane à l’arrière de leur mini fourgonnette. « Nous avons économisé afin d’acheter un lecteur de DVD portatif avant le départ. Le modèle que nous nous sommes procuré comprend deux paires d’écouteurs. Le bonheur ! Olivier et Amélie ont regardé des films pendant tout le trajet, entrecoupant leur visionnement de siestes et de pauses repas ». Bien sûr, Virginia Beach n’est pas la porte d’à côté quand on demeure à Laval. « Nous avons dû entendre 1 000 fois le fameux « Quand est-ce qu’on arrive ?… », se rappelle Marie en soupirant… Les changements de couche dans les haltes routières ne comptent pas non plus parmi les moments forts du voyage, « mais cela fait partie de l’expérience », souligne-t-elle dans la bonne humeur.

De bonnes et de mauvaises expériences sur la route, Nathalie et Luc, campeurs assidus et parents de deux fillettes de 6 et 3 ans, Annabelle et Évelyne, en ont vécues plusieurs, la petite famille allant camper sur la côte est des États-Unis tous les étés. « Au fil des ans, nous avons adopté de petits trucs pour rendre le temps passé sur la route plus agréable. Par exemple, lorsque c’est possible, nous plaçons le matériel de camping, les valises, les jeux et tout le tralala dans la voiture, la veille du départ. Cela nous permet de prendre la route aux aurores le matin. Ainsi, les filles dorment paisiblement pendant quelques heures dans la voiture», explique Nathalie. Autre astuce : préparer un lunch la veille, afin d’éviter l’option « restauration rapide » de bord d’autoroute le midi. « Piqueniquer dans une halte routière, si la température le permet, offre la possibilité aux enfants de courir et de jouer à l’extérieur, au lieu d’être passifs sur une chaise. Leur humeur s’en ressent pour le reste du trajet », confie la maman. Futée, cette dernière cache également un sac de surprises à ses pieds, sous le siège avant de l’automobile. Lorsque le climat s’assombrit sur la banquette arrière, elle glisse un jouet ou une collation aux coupables, qui se détendent instantanément.

Au camping, c’est la fête !

Tous les parents campeurs interrogés pour cet article le répètent : au camping, une nouvelle dynamique parents-enfants, fort différente de celle qui prévaut habituellement à la maison, se crée naturellement. Les enfants participent davantage aux tâches domestiques et ils chignent moins quand vient le temps d’aller au lit. Sans doute parce que leurs journées en plein air les ont épuisés !

« Je choisis toujours un camping doté d’un terrain de jeux le plus moderne et le plus sécuritaire possible et j’essaie de réserver un emplacement à proximité », confie Mariette. Ainsi, alors que leur mère s’affaire autour du réchaud, Louis et Mathilde peuvent aller s’amuser avec leurs nouveaux copains de vacances. Même chose lorsque leur mère souhaite relaxer dans le hamac avec un bon livre. « Depuis qu’ils sont en âge de le faire, je leur demande également de participer à l’organisation du campement. Par exemple, Louis s’occupe de remplir le bac d’eau à vaisselle et Mathilde aide à nettoyer la table de piquenique après les repas. Bien sûr, les deux doivent ranger leurs vêtements dans la tente. L’espace y étant tellement restreint, cela s’avère indispensable », soutient Mariette, qui avoue être passé très prêt du « chaos complet » à quelques reprises !

« Pour nous faciliter la tâche, mon conjoint et moi choisissons souvent de partir avec un couple d’amis et ses enfants », témoigne Marie. « À destination, tout me paraît plus facile de cette façon. Les enfants jouent avec leurs amis plutôt que de rechercher constamment ma compagnie. Ils s’amusent du matin au soir et c’est beau à voir ! De plus, à quatre adultes, l’installation sur nos emplacements se fait en un rien de temps et la routine bloc sanitaire-dodo se fait tout en douceur », raconte-t-elle. Pour un séjour réussi, Nathalie et Luc, eux, s’assurent que leurs fillettes profiteront d’un contact privilégié avec les animaux. « Elles gardent toujours de ces rencontres, aussi furtives soient-elles, un excellent souvenir », s’étonne Nathalie. Visites de zoos et d’aquariums et sorties ornithologique sont donc du programme chaque année. « Apercevoir une moufette ou un raton-laveur sur l’emplacement de camping constitue déjà tout un évènement ! Les filles en ont parlé pendant des mois lorsque c’est arrivé l’an dernier », se rappelle Luc.

Le camping en famille, de par les préparatifs et l’organisation monstres qu’il implique, est rarement de tout repos. Mais pourtant, dans 10 ou 15 ans, lorsque vous vous remémorerez vos vacances avec vos enfants, ce  ont d’abord les soirées passées devant un feu au clair de lune ou encore les joyeux déjeuners en plein air qui vous reviendront en tête. Et alors, vous vous remercierez d’avoir persévéré, malgré les cris sur la banquette arrière et la montagne de bagages à défaire, une fois de retour à la maison. Comme quoi la magie du camping opère toujours…

Des trucs gagnants

  • Au besoin, séparer les enfants dans la voiture ou le VR.
  • Préparer des sacs surprises et bien des collations.
  • Profiter des pauses pendant le trajet pour bouger.
  • Choisir un camping doté d’un terrain de jeu.

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Source : Camper au Québec 2019